Ils ont tiré droits dans leurs bottes, on a chaussé nos pantoufles
Ils ont hurlé des ordres, on a osé des questions
Ils ont bal
ayé des corps, on a chéri des enfants
Ils ont pensé faire, on a pensé être
Ils ont tapé fort, on a enlacé doux
Ils ont détruit les abris, on a ouvert les maisons
Il est plus facile de penser avec que contre
Il est plus facile d’ouvrir que de fermer
Il est l’heure de déraciner des vieilles branches
Il est l’heure de planter et de greffer de nouveaux fruits
A vous, enfants qui avez tapé aux portes, à vous parents qui avez ouvert la vôtre. Pour les premiers, un silence terrible et long. Vulnérables. Chez les autres, quelques deniers en partage, une grande attention et une bonne organisation. Simple. Surtout faire autre chose du traitement de quelques exilés, que cette infamie policière. En Minervois, comme partout dans le monde, face à l’abandon et l’errance, des familles ont offert un abri à des enfants. Le temps d’un sentiment, Comme à chaque fois, Il fallait juste tirer ce petit trait d’union vital et nécessaire pour que le sourire efface le drame et redonne confiance. Pour que, de ce trait, s’écrivent de nouveaux chemins. Il fallait une main tendue vers les rivages de Méditerranée, depuis les cartons mouillés de la rue, jusque dans quelques maisons de vignerons cachées dans les arrière-pays. Pour mettre un vrai nom quand on parle d’accueil. Il ne fallait pas réfléchir trop longtemps mais avoir une bonne dose de justice dans son sac. Il fallait écouter son âme, loin de la propagande et de la haine noire qui crottent les bottes des CRS. Vos maisons ont été la leur. Vos couleurs se sont mariées, les frêles sont devenus des frères. Ensemble, ils ont ri, pleuré, appris l’un dans l’autre. Un monde possible, loin des calculs. Ce fut le choix du simple et du quotidien. Depuis, une trace est restée et leur route s’est ouverte et confortée dans l’espoir. Les familles se sont agrandies, les enfants ont grandi, curieux de tout. Vivre. Parce qu’ils ont été simplement aimés dans leur beauté, ils ont été armés de quelques savoirs nécessaires. Exsangues d’une histoire qui ne leur appartenait pas et que leur pays leur avait infligée, ils ont pu se débarrasser des oripeaux des politiques de l’horreur. Quand les gouvernements se vouent à leur conquête, hissant leur bouclier pour protéger leur doctrine, ici-bas, toujours, les visages se cherchent et s’aiment d’amour, un amour de tous les jours. L’espoir des hommes naît de la rencontre, du mélange des langues et des histoires. Mais le plus important, c’est le soin aux enfants de l’exil, comme à nos propres enfants.
CJ
'Vendredi' - de la série "Cardboard dreams" AJO
'a pinch of bakers yeast'- de la série "Cardboard dreams" AJO
'sleeping trees'- de la série "Cardboard dreams" AJO
'la piscine '- de la série "Cardboard dreams" AJO
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